Pourquoi ce silence, Seigneur!
Aujourd’hui, mon texte prend plutôt la forme d’une petite réflexion que je voudrais partager avec toi, Seigneur. Depuis onze mois déjà, nous vivons dans le contexte de la covid-19. Depuis onze mois, on nous parle de masque, de lavage de mains, de distanciation physique, de confinement, de fermeture de commerce, d’hospitalisation et de mort de personnes infectées, de vaccins, et j’en passe. Depuis onze mois, les autorités gouvernementales et celles de la santé publique nous informent régulièrement sur l’état de la situation sanitaire ici et ailleurs. Depuis onze mois, les médias nous parlent de cette pandémie sous tous les angles possibles. Et pourtant, depuis onze mois, on a très peu entendu parler de toi Seigneur. Où es-tu? Que fais-tu? Pourquoi ce silence? Serait-ce que cette situation sociale ne représente aucun intérêt pour toi? Ou serait-ce plutôt que l’on t’a totalement ignoré dans le contexte de cette pandémie? En onze mois, je n’ai jamais entendu parler de toi lors des points de presse et dans les médias. Qui plus est, la prise de parole de nos chefs religieux s’est elle-même faite plutôt discrète. J’ai assez de cinq doigts d’une main pour compter le nombre de fois où j’ai entendu le mot église dans les comptes-rendus officiels. Et quand je l’ai entendu, c’était pour parler de leur fermeture. En onze mois, les églises ont été fermées pratiquement la moitié du temps et, lorsque l’accès y était permis, c’était avec un nombre très restreint de personnes comme si les églises et leur grandeur légendaire ne pouvaient accommoder plus de dix ou vingt-cinq personnes à la fois tout en respectant les normes de la Santé publique.
Seigneur, je te sais discret, très discret même. Tu ne t’imposes jamais à nous. Tu respectes trop notre liberté personnelle. Alors, se pourrait-il que l’on ne te prenne plus au sérieux, que tu n’aies plus ta place dans notre monde et notre société? Se pourrait-il que l’on se croit maintenant capable de gérer uniquement entre nous les situations problématiques qui nous sont imposées? Serait-ce là le fruit d’une société laïque dans laquelle nous nous sommes confortablement installés au fil des ans? À bien y penser, le Créateur de tout ce qui existe sur terre et au-delà? N’es-tu pas notre Sauveur en ton fils Jésus? N’as-tu pas toujours à cœur ces hommes et ces femmes que tu as créés, tes enfants à toi pour lesquels tu veux le meilleur, et qui ont beaucoup de prix à tes yeux. Oui Seigneur, je crois que tu auras toujours un très grand amour pour ce que nous sommes nous, la merveille de ta création. Oui je crois Seigneur que tout ce que nous vivons ici sur terre t’intéresse et t’intéressera toujours au plus haut point. Alors, où est le problème? La société dans laquelle nous vivons aurait-elle pris ses distances par rapport à toi au point où l’on peine à te consulter et à t’intégrer aux problèmes auxquels elle est confrontée.
Seigneur, à voir la façon dont on t’a traité jusqu’ici, on a l’impression que tu es un intervenant de troisième ordre. Pourtant, n’es-tu pas notre Dieu à tous, le Dieu de l’univers, notre créateur, notre père, Celui qui veille sur nous dans ta divine providence? N’es-tu pas un bien essentiel pour les enfants que nous sommes? L’expression de ton amour dans ton sacrifice eucharistique n’est-il pas aussi pour infiniment plus important encore, que les biens essentiels identifiés par les autorités du gouvernement et de la Santé publique?
Seigneur, j’aspire à ce temps où tu pourras reprendre tes droits sur le monde et la société. J’ai hâte à ce temps où l’on pourra de nouveau célébrer ton amour dans le sacrifice unique de l’Eucharistie et t’adorer dans les églises ou dans les chapelles d’adoration. Alors, pourra circuler à loisir un autre « Virus » celui cette fois de l’Amour et de la Vérité.
Jacques Binet, ptre