Message pastoral

Jean le témoin

Après le prologue présentant le Verbe, la Parole éternelle venant dans le monde, le premier personnage à apparaître dans le quatrième évangile est Jean le Baptiste. Mais attention : dans cet évangile, il n’est jamais appelé « le baptiste ». Il est d’abord le témoin. Le passage dont est extrait l’évangile d’aujourd’hui commence ainsi : Voici quel fut le témoignage de Jean. Mais de quoi témoigne-t-il au juste ?

Témoin d’une révélation

Comment Jean le Baptiste a-t-il connu Jésus? Contrairement aux trois autres évangiles, ce dernier ne rapporte rien au sujet de liens préalables entre les deux… Jean lui-même répète deux fois : Je ne le connaissais pas (Jn 1,31.33). Si Jean a pu connaître Jésus, c’est par pure grâce, c’est par révélation de la part du Père (cf 6,44). Jean est le témoin qui ne parle pas de lui-même : il parle de celui qui lui a été révélé par le Père.

«Voici l’agneau de Dieu»

Qui est donc ce Jésus dont Jean a eu la révélation? Il lui donne un titre étonnant : Jésus est l’Agneau de Dieu. Que peut vouloir signifier ce titre? Plusieurs hypothèses ont été émises. Mais on s’accorde sur les points suivants. Jean se réfère à deux grands signes présents dans l’Ancien Testament. Il y a d’abord le signe de l’agneau pascal. Au moment de quitter l’Égypte, les Juifs devaient immoler un agneau et appliquer de son sang sur le linteau de la porte. Cela leur épargnait la mort infligée aux Égyptiens (cf Ex 12,1-28). Jésus est donc celui qui nous libère de la mort et de l’esclavage.

D’autre part, le prophète Isaïe annonçait un mystérieux personnage que Dieu appelle son serviteur. C’est un personnage qui souffrira et donnera sa vie pour son peuple. Un personnage doux comme un agneau, mais qui a la puissance de tuer le mal. Isaïe le décrit ainsi : Comme un agneau qu’on traîne à l’abattoir, il n’ouvre pas la bouche… Il a porté les fautes des foules. Pour Jean, Jésus est le véritable agneau de Dieu car c’est lui qui enlève le péché du monde. En grec, le verbe qu’on traduit par enlever est airein Or, au moment du procès de Jésus devant Pilate, la foule emploie ce même verbe pour demander sa mort, en criant, littéralement: Enlevez-le, enlevez-le (Jn 19,15). Celui que la foule veut enlever c’est-à-dire tuer, c’est celui-là même qui enlève son péché. Notons que le mot péché est au singulier, car finalement, il n’y a qu’un péché, qui est d’être coupé de Dieu et donc coupé de la vie.

Le cheminement de la foi

Il est frappant de voir que la première parole de Jésus dans ce quatrième évangile est une question: Que cherchez-vous ? Et la réponse à cette question en est une autre: Où demeures-tu ? Et les disciples suivent Jésus pour un long cheminement vers la pleine foi. Jean note qu’ils commencent à suivre Jésus vers quatre heures de l’après-midi. Leur marche vers la lumière sera donc une marche à travers la nuit.

Georges Madore